Les Amanins - Octobre/Novembre 2016
- celiagrimal
- 15 nov. 2016
- 4 min de lecture
Et voilà, trois semaines passées aux Amanins, ce haut lieu qui promulgue un modèle écolonomique alternatif, empreint de valeurs universelles… L’automne s’installant, la nature s’endort et le rythme ralenti : ce qui me permet de prendre du temps pour moi et pour les autres (soirées jeux & tricot en folies !).

Petit rappel (ou pas) de l’histoire des Amanins, projet qui émerge suite à une triple rencontre : celle de Michel Valentin (homme d’affaires fortuné), Isabelle Peloux (institutrice-formatrice) et Pierre Rabhi (père de l’agroécologie). L’objectif ? Simplement montrer qu’il est possible de créer un système autosuffisant articulant agroécologie, pédagogie et accueil. Les terres et le corps de ferme sont achetés en 2005, des milliers d’arbres sont plantés, les bâtiments (bergerie, grange, école, gîtes) émergent petit à petit, l’école ouvre dès 2006, les activités agricoles (maraîchage, élevage, fromagerie, grandes cultures, boulangerie…) se mettent en place, l’accueil du public commence en 2008 (service de 30 à 35 000 repas par an).
L’autonomie alimentaire est à hauteur de 80%, l’autonomie énergétique s’avère plus compliquée (éolienne défectueuse)… Cependant, entre les toilettes sèches, la phyto-épuration, le lombri- et compostage, l’impact environnemental des activités humaines est bien réduit. Un lac collinaire permet d’irriguer les jardins.
Quelques photos du lieu pour vous donner un aperçu :
Mai 2012, drame : Michel Valentin meurt subitement laissant l’équipe sans capitaine pour indiquer le cap à suivre… Un tournant s’opère, l’équipe fait le choix d’adopter une gouvernance horizontale. Plusieurs cercles de gestion sont formés (agricole, accueil, école, gestion, offre & développement et transformation), autonomes dans leur activité, ils se réunissent de manière hebdomadaire. Tous les mois, les référents des cercles se retrouvent pour partager leurs réflexions autour du projet commun. L’équipe compte environ 20 salariés. Ces derniers se retrouvent en plénière 2 à 4 fois par an. Trois entités s’articulent autour de ce projet : une association (école), une SCOP (agriculture et accueil) et une SCI (gestion du lieu). Toute décision est prise au consensus, ce qui rend le processus plus lent mais permet d’éviter un maximum de jeu d’acteurs. C’est bien beau la sociocratie et la CNV mais nous sommes tous des humains et des conflits peuvent exister... Ils sont résolus part de la médiation.
Parlons peu, parlons bien, qu’est-ce que j’ai fait de concret là-bas ? Et bien, accueillant en moyenne 4 wwoofeurs avec d’éventuels stagiaires à la fois (on a été de 6 à 3), tout est bien organisé. Mon planning était segmenté en 4 activités principales : le maraîchage, l’élevage, la légumerie et l’aide boulangerie. Comme une grande famille nous vivions ensemble au foyer, en compagnie de la veilleuse, d’un éleveur saisonnier et d’un maraîcher qui habite loin.
Niveau maraîchage, j’ai participé à la fin des récoltes (poireaux, navets, oignons, radis, carottes, betteraves, épinards), à la préparation des sols (épandage du compost, aération de la terre à la grelinette), aux soins (désherbage et taille), à l’arrosage…
Niveau élevage, n’ayant plus de production de lait, il ne s’agissait que de rentrer les bêtes et les nourrir en fin de journée. Les animaux à chouchouter : 2 vaches laitières (Flocon la vosgienne et Beauty la gersienne), Pollux le bœuf fou (je me suis fait chargée plus d'une fois) et Louma la génisse également fofolle (m’a aussi chargée), une quarantaine de brebis (la majorité étaient pleines), une dizaine d’agnelles 24h/24 avec 2 béliers voraces (encore fait chargée…) pour leurs premières chaleurs, 2 ânes (pour le fun) Pompon et Gringo, une vingtaine de poules pondeuses avec 1 coq et enfin le cochon Anarchie (qui s’est débattu comme un diable pour ne pas aller à l’abattoir avec ses 3 copains, trop in love de lui).
Quelques photos de tout ce beau monde :
Niveau légumerie, c’est en fait là que l’on prépare les légumes récoltés par les maraîchers. Je peux vous dire que j’en ai lavé et épluché des kilos de légumes ! Mais toujours en musique et dans la bonne humeur. J’ai aussi pu donner un coup de main sur quelques plats et bien sûr m’amuser à inonder les cuisines en plonge. Tenue de travail sexy exigée :

Niveau boulangerie, j’ai un peu mis la main à la pâte (haha) en découpant et pesant des pâtons et en les façonnant ou les « boulant ». Couverte de farine, j’ai beaucoup appris sur la préparation de la pâte, la levée, la cuisson au feu de bois... Les Amanins produisent leur propre farine de blé (semi-complète) et approvisionnent non seulement les cuisines (cantine scolaire, repas des salariés et des séjournants) mais aussi 2 ou 3 points de vente environnants.
Enfin, j’ai pu assisté (c’était pas gagné car 2 semaines de vacances scolaires sur mes 3 semaines) à une séance de vivre ensemble et d’éducation à la paix à l’école des Colibris ! 39 enfants du CP au CM2 sont séparés en 2 classes, encadrés par 2 instit’ et 2 services civiques. La pédagogie de la coopération développée est inspirée de Montessori, Steiner et Freinet. Tous les jeudis, pendant 1h30, les enfants échangent ensemble sur ce qui fonctionne et ce qui ne fonctionne pas dans la vie à l’école (ex. : gestion des cabanes de la cour de récré…). Tous ensemble, ils essaient de résoudre des problèmes et s’apportent des savoirs personnels (couture, souvenirs de vacances…). Je n’ai malheureusement pas eu l’occasion d’assister au temps philosophie du lundi qui doit être super intéressant. Les institut' y sont neutres et les enfants discutent de façon complètement autonome et libre autour d’une citation. Et bien sûr ils participent à la vie agricole : aller chercher les oeufs, récolter les courges, etc. Les photos de la cour de récré, ça fait rêver...
Voilà, sur les grandes lignes, un résumé de mon séjour aux Amanins. Un séjour riche en rencontres et en échanges ! BISOUS !
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